Panas Myrnyi (1849-1920)

La personnalité la plus modeste des lettres ukrainiennes, jusqu’à sa mort, il ne voulait pas dévoiler que sous l’identité d’un grand fonctionnaire d’Etat Panas Roudchenko se cache un grand écrivain et Ukrainien engagé Panas Myrnyi

Panas Myrnyi (pseudonyme de Panas Yakovytch Roudtchenko) est né le 13 mai 1849 à Myrhorod, dans une famille d’un comptable de la trésorerie régionale. A l’âge de quatorze ans, après avoir fait ses études secondaires à Hadiatch, il commence à gagner sa vie. Panas Roudtchenko travaille d’abord comme fonctionnaire à Hadiatch : il devient adjoint du comptable à la trésorerie régionale. Puis, après un court séjour à Prylouky, il obtient le même poste à la trésorerie de Myrhorod. Le travail de fonctionnaire dans ces petites villes de l’Est de l’Ukraine dure huit ans. Pendant cette période, Panas Myrnyi fait ses premiers essais de plume et exerce une activité de folkloriste. Une partie de matériaux folkloriques, qu’il recueille, est publiée par le frère de l’écrivain, Ivan Bilyk (pseudonyme d’Ivan Roudtchenko, ethnographe ukrainien), dans les recueils Les Contes populaire de Sud de la Rus’ (1869, 1870) et dans Les Chansons populaires de tchoumaks (1874).

Dès 1871 Panas Roudtchenko vit et travaille à Poltava. Il occupe de différentes fonctions dans la Chambre locale de l’Etat, où il atteint même le poste du Conseiller d’Etat. Mais il n’est pas du tout attiré par la carrière du fonctionnaire. P. Roudtchenko est passionnée de la littérature. Ses premières œuvres (le poème A l’Ukraine et le récit Le diable a joué), signés déjà par le pseudonyme « Panas Myrnyi » (Panas le Pacifique), paraissent à l’étranger (en Ukraine de l’Ouest, appartenant à l’époque à la Pologne), dans la revue de Lviv « La Vérité» (1872).

Dans les années 1870-1880 il continue d’écrire, et ses œuvres ne sont publiées qu’à l’Ukraine de l’Ouest à cause de la censure de l’Empire Russe, dirigée contre la culture ukrainienne. L’œuvre de Panas Myrnyi reste donc presqu’inconnu pour les lecteurs de l’Ukraine de l’Est et du Nord. Ainsi, en 1874, son essai Le chemin de Poltava à Hadiatch et la nouvelle L’Ivrogne sont publiés à Lviv et, en 1877, son récit Les Gens méchants paraît à Genève. En 1875, Panas Myrnyi, en collaboration avec son frère Ivan Bilyk, termine la rédaction du célèbre roman Voit-on mugir un bœuf à portée du fourrage ?. Mais, suite à l’oukase d’Emsk (1876), la censure russe interdit ce roman à la publication. Il sera édité à Genève, en 1880.

C’est seulement dans les années 1880 que les œuvres de Panas Myrnyi commencent à être publiées en Ukraine de l’Est et du Nord : les deux chapitres du roman La Grue, ainsi que deux récits du cycle On vit comme on fait paraissent dans l’almanach de Mykhaïlo Staryts’kyi, « Rada » (Conseil). En 1886, le recueil de nouvelles La cueillette du notre propre champ et la comédie Il l’a roulé sont publiés à Kyїv. En même temps, Panas Myrnyi publie ses œuvres dans les revues de l’Ouest de l’Ukraine (le récit La Chasse, Le Conte sur la Vérité et le Tord, le drame La jeune Lymère, etc).

L’activité littéraire de Panas Myrnyi va de pair avec son activité publique. Depuis sa jeunesse il est membre d’un mouvement révolutionnaire, et, dès 1875, il participe à l’activité clandestine du cercle révolutionnaire « L’Union » qui fonctionnait à Poltava. L’écrivain côtoie plusieurs hommes de lettres et culture ukrainiens, à savoir Mykola Lyssenko, Mykhaïlo Staryts’kyi, Ivan Karpenko-Karyi, Marko Kropyvnyts’kyi, Mykhaïlo Kotsiubyns’kyi, Lessia Oukraїnka, Mariya Zan’kovets’ka et d’autres.

On parle souvent de deux vies de Panas Myrnyi : dans la journée il est un fonctionnaire russe de haut rang et le soir il se transforme en écrivain ukrainien engagé. L’écrivain ne voulait pas dévoiler son identité littéraire, il a interdit de publier ses photos et sa biographie. Cela est dû non seulement aux poursuites par le pouvoir russe, mais surtout à sa modestie naturelle. La veille de sa mort, il demande à l’un de ses amis de ne pas révéler le vrai nom de Panas Myrnyi : « Je voudrais, que les gens apprennent qui je suis, quand je mourrai. Qu’ils apprennent ce que j’ai fait de bien pour ma Patrie, si en effet je l’ai fait. Mais, moi-même, je crois très sincèrement, que j’ai fait très peu de choses, malgré mes intentions, que cela ne vaut même pas de conversations ». Ce sont les paroles de l’écrivain qui a laissé en héritage une centaine de nouvelles, trois récits, cinq pièces et deux grands romans. Aujourd’hui Panas Myrnyi est aussi connu comme un linguiste et traducteur en ukrainien des œuvres de la littérature mondiale (celles de Pouchkine, Lermontov, Tourgueniev, Ostrovskiy, Shakespeare, Longfellow entre autres). Au début du XX° siècle il compose un dictionnaire ukrainien-russe (resté dans l’état du manuscrit).

Après la révolution, malgré son âge avancé, Panas Myrnyi travaille au département financier du gouvernement bolchévique de Poltava. Ce fait lui procure une certaine « affection » du pouvoir soviétique. Ses œuvres sont partiellement publiées et étudiées à l’école en URSS. Pourtant, ce n’était pas une collaboration avec le régime, car il n’imaginait tout simplement pas sa vie sans travail.

Panas Myrnyi meurt le 28 janvier 1920, il est enterré à Poltava. Le musée littéraire et mémorial dans la maison, où l’écrivain vivait en 1903, est créé. En 1951, à Poltava, on érige le monument de Panas Myrnyi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire